Artist presentation
Andréa Sen
Andréa Sena est née en banlieue parisienne et y vit aujourd’hui. Partagée entre ses origines et sa terre natale, elle déménage au cours de son adolescence au Portugal avec sa famille. Photographe autodidacte, elle réalise ses premières photos en 2018 et couvrent des conflits sociaux en France. En 2020, elle entreprend son premier projet documentaire axé sur l’étude des nuits clandestines à Paris durant la pandémie de Covid-19. Ce travail précède son premier voyage en Ukraine en 2022 où elle rédige l’ouvrage Des larmes caucasiennes publié aux Editions Vérone. Elle réalise un deuxième volet nocturne clandestin en Ukraine au cours de l’été 2023.
À la suite de son immersion en Ukraine, Andréa Sena s’engage dans une enquête approfondie sur la prostitution en région parisienne. En 2024, elle développe un projet documentaire centré sur l’homosexualité en Russie témoignant ainsi de son engagement envers des thématiques sociales et humaines complexes à travers son art photographique.

Artist statement
Nuits clandestines en Ukraine : entre résistance et survie
Malgré le son incessant des alarmes, la vie quotidienne en Ukraine continue de se réinventer. Dans plusieurs villes, des nuits clandestines émergent, comme à Lviv où un immense immeuble de fenêtres rouges devient le théâtre de rassemblement à partir de minuit. La musique résonne à plein volume noyant les souvenirs des alertes et des couvre-feux. A Odessa, la situation est différente. La vie nocturne est presque inexistante excepté pour les locaux désireux de s’offrir des vacances loin de la ville, les bombardements ont détruit les fenêtres des bars du quartier. Les bars le long de la corniche sont tous fermés temporairement transformant les appartements en refuge pour des soirées improvisées tandis que des projectiles explosent au-dessus de leurs têtes. Une fois le couvre-feu passé, les contrôles militaires rendent les sorties risquées, surtout pour les hommes qui craignent une mobilisation. Les femmes, plus nombreuses dans ces nuits clandestines échappent à cette menace. Les communautés queer, homosexuelles, libertines et rave font face à un rejet croissant
dans ce contexte de guerre. Pourtant, ces soirées jouent un rôle crucial en finançant l’armée de façon bénévole. La loi martiale ne parvient pas à éteindre l’espoir d’une jeune génération qui endure cette guerre depuis 2022. Les traumatismes liés à la pandémie de Covid-19 qui a précédé le conflit ont effacé les nuits légales poussant la population à s’enfermer pour mieux survivre à l’incertitude du lendemain. Ces nuits deviennent un acte de révolte contre Poutine et son impérialisme. Vivre devient une réponse à la mort. Dans ce contexte, les jours se succèdent, danser la nuit devient un acte de respiration, une affirmation de vie face à l’adversité.