Artist presentation
Camille Bonnefoi
Camille Bonnefoi
Née le 1er mars 1981
Vit à Strasbourg, France
Diplômée de l’école des Gobelins en 2002, et d’un master en théorie de l’art en 2006, je
poursuis une démarche de photographe d’auteur autour des questions du support de
l’image, du corps et du paysage. Militante en des domaines fort distincts, j’ai créé en 2012
l’association SimAGo pour la préservation de la photographie argentique et des techniques
alternatives. Je défend une photographie matérialiste respectant à la fois le corps social et la
matière de l’image. Mes recherches théoriques et plastiques remettent en question les
limites attribuées au medium en explorant les potentialité plastique du support
photographique. Les thématiques du corps et du paysage s’entremêlent dans des
photographies où la durée est questionnée comme élément fondateur de la création et de la
contemplation. En 2010, paraît le livre, Les techniques alternatives aux éditions du SCEREN
présentant mon travail théorique sur le support et l’image. Après avoir présenté ce
travail théorique à Strasbourg , à Vierzon lors du Congrès de la photo alternative et
à Stuttgart au congrès de la Deutsche Fotografie Akademie , j’ai commencé à
appliquer ces recherches dans mon travail photographique.
Lauréate en 2005 des Boutographies de Montpellier, j’ai été remarquée par les curateurs
de Fotolegendo et j’ai pu ainsi exposer mon travail à Rome en 2006. La Galerie Agart à Amilly
la Galerie Ricardo Fernandes à Paris ont soutenu mon travail de 2008 à 2013. J’ai également
participé à des expositions de groupes à Paris, en 2010 au mois de la photo Off et mon
travail a été représenté par l’association Sinoccygen à Pékin en 2012.
Depuis 2008, je vis à Strasbourg et enseigne la photographie à la Haute Ecole des Arts du Rhin. J’ex-
pose également mon travail régulièrement dans cette ville et plus particulièrement en 2018 lors de
la carte blanche qui m’est donné pour la Maison Fulgurante de Photographie. Plus récemment, en
2023, mes photographies ont accompagnées celles d’Henri Le Secq à Sens. En 2024, la série Pelures
a été présentée en mars à Orléans à POCTB. La Région Grand Est et l’association Accélérateur de
Particules m’ont également apportée cette année leur soutien pour mon projet en cours Le Monde
sur la peau.

Artist statement
Depuis dix ans, mon travail sur le paysage explore la notion de durée de l’image
photographique ainsi que la relation qu’elle entretient avec son support. Ma démarche
interroge le processus photographique de la prise de vue jusqu’à l’accrochage. Dans un
essai paru en 2010 aux éditions du Sceren, intitulé Le support et l’image, j’analyse le
rapport signifiant du support élu pour recevoir l’image. La question de la production du
négatif, de sa matérialisation sur un papier ou sur un mur et enfin de sa réception dans le
lieu de l’exposition traverse mon travail. En 2010, Stimultania et le Sceren ont publié mon
texte Le support et l’image dans un ouvrage nommé Techniques alternatives. Ce texte
expose mes réflexions sur le medium photographique et encre mon travail dans le
champs d’une pratique expérimentale de la photographie. Chacun de mes projets
artistiques se rapprochent de cet essai théorique qui fonde ma pratique.
La question du paysage est au cœur de mon travail depuis le début. Mon travail
photographique est né de cette question du rapport fondamental entre l’environnement
et la constitution d’un être vivant, tant sur le plan biologique que psychologique.
Paysage, Nature, Territoire y sont en question et viennent mettre en perspective une
réflexion autour du processus photographique.
Dans Eprouver l’instant, je développe l’idée d’une épaisseur de l’instant qui dure et qui
donne sa matière et sa profondeur à l’image. Pendant la pose, quelque chose de la
durée de la contemplation du paysage se retrouve à l'intérieur de l'image, comme une
trace de l'épaisseur du temps. Par la suite, la contemplation esthétique rejoint l’hypnose
de la contemplation du paysage.
Face au constat que le support classique des photographies analogiques ne me
convenait pas pour exprimer l’idée que j’ai à transmettre sur la question du paysage et
sur le medium photographique, j’ai commencé à sensibiliser moi-même des papiers très
fins et transparents qui sont à l’origine destinés à protéger les images, notamment dans
mes série Pelures et Eloignement.
Mon travail interroge constamment l’adéquation entre le support de l’œuvre et ce qu’elle
tente de dire, une application directe de ce que j’ai pu présenter dans mon livre et
pendant mes conférences.
Dans Pelures, je sensibilise des papiers délicats et mets en avant la fusion entre la
matière de l’image et la matière du support par de petits objets translucides à travers
lesquels la lumière passe et nous revient. Ces petits paysages, comme des miniatures
orientales, nous rappellent quelque chose de familier et favorise l’introspection. C’est le
sentiment du Heimlich : l’image devient un « chez-soi », comme le souvenir revisité par
nos fantasmes. Le paysage devient un miroir de notre sensibilité; l’arbre reflète notre
paradoxe de puissance et de faiblesse : paradoxe de la force des arbres et de leur
fragilité face à l’impact de l’anthropocène.Enfin, en 2018, je commence à travailler les installations photographiques, interrogeant
le processus de fabrication de l’image et plus particulièrement son dispositif de
monstration.