Artist presentation
Joël Alain Dervaux
Artiste et psychologue, vit et travaille à Paris Depuis plusieurs années, Joël Alain Dervaux questionne l’identité et le désir en privilégiant la pratique de la photographie argentique comme l’outil d’une quête personnelle qui permet la rencontre avec l’autre. Il est l’auteur de différentes séries au long cours centrées sur le corps et l’intériorité Improvisations, depuis 2016 ; Récit, 2018 - 2021 ; Kler, états de présence, depuis 2019. Il met également en scène, à partir d’un journal intime, des situations de basculement affectif sous la forme d’un roman-photo Quatre séquences, 2021. Son travail a fait l’objet de plusieurs expositions en France : Improvisations à l’été 2021 dans le cadre
du festival des Promenades Photographiques de Vendôme ; Récit en 2023 au festival Les Photographiques au Mans et Kler, états de présences dans le cadre d’une exposition individuelle à Paris au printemps 2024 sous le commissariat de Valérie Fougeirol. Ses œuvres sont entrées dans différentes collections publiques (Bibliothèque Nationale de France, Musée d’art moderne et contemporain de la ville de Saint-Etienne…) et particulières. En 2022, le livre Improvisations conçu avec le designer graphique Odilon Coutarel a reçu la mention spéciale du

Artist statement
À l’adolescence, j’ai commencé à pratiquer la photographie pour avoir l’autorisation de regarder les autres de manière privilégiée. C’est bien plus tard cependant, après mon entrée en psychanalyse, que j’ai pu élaborer un dispositif permettant la rencontre avec l’autre. Sur le divan, il faut énoncer tout ce qui passe par la tête pour laisser émerger des signifiants du discours qui sont relevés par l’analyste et lui permettent d’entrevoir l’Inconscient. Afin de pouvoir m’approcher au plus près de mes sujets, j’ai décidé de transposer le cadre analytique dans ce qui allait devenir un programme récurrent de séances photographiques qui perdure encore aujourd’hui. Ainsi, j’invite des hommes et des femmes à venir chez moi, se mettre à nu pour inscrire une trace corporelle avec tout ce qui vient : leurs gestes, leurs mouvements, leurs respirations et prendre le risque de révéler à mon regard la marque du Désir, ce qui nous meut et nous rend vivants. Le terme allemand Sehnsucht, qui n’a pas d’équivalent en français, paraît peut-être plus juste pour traduire cet état. Il désigne à la fois un besoin immense d’aimer et d’être aimé, mais aussi un manque qui cherche l’accomplissement, une faim qui attend la satisfaction et nous conduit à agir et à créer. Le moment déterminé, le lieu identique, la lumière naturelle créent les conditions d’un espace où se révèle cet état de présence. Je l’enregistre sur le film comme des signes reconnus et des signifiants. Ces photographies constituent un corpus important dans lequel je puise pour articuler des phrases à chaque fois nouvelles. La séquence présentée dans ce dossier rassemble quatorze photographies extraites de ce corpus. Des portraits en buste d’hommes jeunes pris au 6×7 sur un fond neutre semblent participer à une même cérémonie. Cet ensemble minimaliste invite à prendre part à un rituel de postures reflétant d’intenses expériences intérieures. Un cercle mystérieux qui rejouerait ainsi perpétuellement l’expérience de la Sehnsucht au cœur du dispositif photographique.