Présentation de l'artiste
Cédrick-Isham Calvados
Titulaire d'un master en Sciences de l’éducation, Cédrick-Isham Calvados est un photographe autodidacte guadeloupéen. C'est par l'intermède de la musique, du rap plus précisément, qu'il a commencé à faire ses armes dans le champ artistique. Dans le cadre de ses études, en Martinique, il s'essaye à l'animation d'une émission radio pendant trois années avant de faire une brève tentative dans le journalisme, en tant que pigiste, en 2004, à France-Antilles. Son travail photographique prend un véritable tournant en 2013, par le biais d'un projet lancé sur les réseaux sociaux et intitulé « La Guadeloupe, mon visage », où il y fait le choix d'approcher les sujets par le biais de portraits serrés dans le but d'illustrer la richesse de la population guadeloupéenne. Un peu plus tard, il démarre une carrière dans le photo-journalisme, en 2017, avec l'AFP, lors du passage du cyclone Maria en Guadeloupe et à la Dominique, ce qui lui permet d'avoir, à trois reprises, des clichés publiés dans le New York Times. À l'issue de ses voyages en Haïti, au Cameroun et au Mali, il décide de s'intéresser à la thématique de l'identité des personnes issues des territoires ultramarins, réalisant que seul un travail d'archive peut donner à mesurer la complexité et la singularité des populations issues des territoires dits d'outre-mer. En 2022, il réalise son premier documentaire « Parce qu'on vient de loin » et est l'un des lauréats de la grande commande photographique de la Bibliothèque Nationale de France.

Artist statement
HISTORY OF VIOLENCE
En 2017, ce travail sur les gallodromes (Pit a kok) de Morne-à-L’eau, en Guadeloupe, ouvre un regard sur la culture des combats de coqs, une tradition singulière et controversée. Ancrés dans l’histoire et les coutumes du territoire, ces lieux attirent des habitués pour qui cette pratique représente bien plus qu’un simple spectacle : elle affirme une identité. Le lieu se révèle comme un espace de résistance culturelle, où le poids des traditions coexiste avec une forme de défi face aux jugements extérieurs. La brutalité des affrontements entre les coqs semble se propager parmi les spectateurs eux-mêmes, comme si la violence des combats dévoilait en eux un besoin de confrontation symbolique, et un moyen d’exprimer une colère enfouie. On peut percevoir une dualité entre la cordialité apparente des participants et l’effervescence d’une rage collective. Ce moment-rituel devient un exutoire, un lieu où les tensions et les frustrations prennent forme, où l'identité se tisse à travers la force et la controverse de la tradition. Est-elle nécessaire ? Lieu de catharsis ou simple divertissement, le gallodrome devient ici un espace où se confrontent les passions humaines et les aspirations identitaires, témoignant d'une tension ancestrale entre violence contenue et expression débridée. Dans ces endroits discrets s’affirment, consciemment ou non, une résistance à l’effacement des traditions, inscrivant ces combats dans une mémoire collective qui refuse de disparaître.